Dirigé par Louis Clavel dit "Petit Louis"

23 janvier 1917-08 décembre 1991

De gauche à droite :

André Gonthier, Louis Clavel alias Petit Louis, Jean Roux, René Brun (debout), Charles Granier (assis), Joseph Jourdan, Aimé Requet et Roger Ackret.

La photo est prise par Paul Chrétien

Les maquisards sont probablement en train de préparer un mélange explosif avec un explosif fabriqué à CHEDDE en savoie (caisse en bois marquée cheddites)

1943 - 2023

    80 ANS

Les 3 explosions de 1943

Quatre-vingts  ans nous séparent de 1943, année où les Résistants du Grésivaudan accomplirent des actions héroïques contre l'occupant et le régime de Vichy actions dont certaines valurent à Grenoble le titre prestigieux de Ville Compagnon de la Libération.

Les explosions de l'Hôtel Gambetta, du Polygone d'Artillerie et de la Caserne de Bonne restent un témoignage retentissant de l'action des Groupes Francs et afin de préserver de l'oubli ces hommes remarquables, presque tous disparus aujourd'hui, nous leur rendons ici modestement hommage.

Ces frères d'armes  - ne devrions nous pas dire "frères d'âmes" ? - dont l'audace n'a eu d'égal que l'amour de la patrie - ont été les premiers à s'attaquer à l'occupant. Ils ont semé chez lui la panique, ils ont harcelé ses convois, coupé les routes et les lignes ferroviaires. Ils ont coupé les lignes électriques paralysant les usines qui travaillaient pour l'industrie de guerre allemande.

"Les Groupes Francs ont été l'âme de la Résistance. Ils furent et resteront toujours l'un des plus beaux fleurons de la Résistance Française ceux là mêmes dont les exploits ont fait trembler l'ennemi et les traîtres à sa solde. C'était une sélection parmi les braves. Lorsque l'action du Maquis se joignit à la leur en juin 1944, la lutte était perdue pour le nazisme"  -  Commandant Louis Nal - la Bataille de Grenoble -.

25 MAI 1943

Louis CLAVEL alias PETIT LOUIS alias Adjudant BOURDET

fait sauter

L'HOTEL GAMBETTA à GRENOBLE

Louis Clavel est né à Grenoble le 23 janvier 1917. C'est dans la Cité Capuche où demeurent ses parents qu'il grandit aux côtés de son frère Paul et de sa soeur Denise.

De caractère naturellement aventureux, Louis s'engage à 17 ans dans la Marine Nationale. puis affecté au 12e BCA il participe en 1940 à la brillante campagne de Norvège. René Brun un autre Isérois qui le rejoindra un peu plus tard dans son groupe franc est déjà à ses côtés. Louis connaît la débâcle et a la chance de pouvoir embarquer, avec son bataillon, vers l'Angleterre puis vers l'Afrique du Nord d'où il rejoindra la France.

A Echirolles, Louis intègre l'usine de la Viscose, une entreprise spécialisée dans le textile synthétique, et aux côtés de René Thomas (dont on devait retrouver le corps martyrisé dans le charnier du Polygone après la Libération), un groupe de Résistants se crée.

C'est dans la nuit du 24 au 25 mai 1943 que Louis Clavel fait sauter l'hôtel Gambetta.

Un peu plus tard, Louis entre au mouvement de Résistance "Combat" puis rejoint les Groupes Francs du Commandant Nal.

Au début de l'année 1944 Louis Clavel alias "Petit Louis" devient le Chef du Groupe Franc qui porte son nom, son frère Paul Clavel participe, à ses côtés, à toutes les opérations du Groupe.

Le 20 juillet 1944 lors d'un combat avec les Allemands Louis reçoit une rafale de mitraillette qui  fait voler sa jambe en éclats. Cloué sur son lit d'hôpital il ne connaîtra pas la joie de la libération de Grenoble en août 1944.

Louis Clavel est décédé le 8 décembre 1991.

Le 9 juin 1989 soit deux ans avant sa mort il avait reçu la légion d'honneur une reconnaissance bien tardive  qu'il dédia à tous ses frères d'armes.

Le 23 janvier 2009 la Ville de Grenoble et son Maire Michel Destot rendirent hommage à
Louis Clavel lors d'une cérémonie qui se déroula dans la cour de la Cité Capuche et où fut inaugurée  une plaque à sa mémoire. De nombreux habitants de la Cité assistèrent  à cette cérémonie.

Cette plaque est fixée sur la façade d'un des murs de la Cité Capuche (donnant sur la rue de Stalingrad),  Cité que Louis habita jusqu'à son décès.

Du 27 novembre 1942 au 9 septembre 1943, Grenoble est occupée par l'armée italienne et les Résistants décident de marquer de leur empreinte la première action sur la capitale dauphinoise afin que soit instauré le couvre feu.

L'objectif visé est le quartier général des troupes italiennes situé à l'hôtel Gambetta. Le comte de Castiglione, Commandant de la place de Grenoble, y réside.

Louis Clavel et deux de ses compagnons Basile Ravelick et André Leu tentèrent l'aventure. Il s'agissait de passer par le toit de l'immeuble d'à côté et de faire glisser dans la cheminée de l'hôtel un paquet d'explosif fabriqué de façon artisanale par Louis Clavel à l'aide d'un tuyau extérieur de descente d'évier coupé sur la façade d'un mur de la cité où il résidait.

Dans la nuit du 24 au 25 mai 1943 au bout de la troisième tentative Louis Clavel, muni d'une corde d'une longueur de trois étages, put enfin descendre le long du mur de l'immeuble d'à côté et, arrivé sur la toiture de l'Hôtel Gambetta, glisser sa bombe dans la cheminée. (1)

Le plus dur fut le retour. Par l'activité de la cheminée, la mèche se consumait plus vite que prévu et il fallut refaire les trois étages dans l'autre sens.

Tout alla très vite, avec l'aide de ses camarades, Louis Clavel parvint à remonter le long de la corde puis les trois Résistants descendirent à bride abattue sur le Boulevard juste au moment où une formidable explosion réveilla tout le quartier, l'hôtel venait d'exploser propulsant les militaires italiens hagards sur le trottoir alors que Louis Clavel, Basile Ravelick et André Leu, par une course effrénée, disparaissaient dans la nuit.

La déflagration détruisit l'intérieur de l'hôtel, l'appartement du gouverneur italien fut ravagé.

Tant pour les Italiens que pour les Grenoblois, les retombées psychologiques de cette action d'éclat furent importantes   pour la première fois la Résistance se faisait entendre dans la ville et l'ordre du couvre-feu fut donné le lendemain.

(1) La première nuit, Louis Clavel, muni d'une corde d'une longueur de trois étages, commença à descendre le long du mur de l'immeuble pour rejoindre la toiture  de l'hôtel, mais la corde faisant frein avec l'arête en ciment de la terrasse il dut  remonter.

La deuxième nuit, après avoir récupéré une autre corde sur un chantier de Sassenage, Louis Clavel entreprit la descente le long du mur mais par manque de chance la clarté d'une lune superbe ne lui permit pas d'opérer sans danger et il fallut une deuxième fois renoncer. Les trois Résistants restèrent sur la terrasse en attendant la nuit suivante qui fut la bonne.

14 NOVEMBRE 1943

Aimé REQUET alias Mémé

fait sauter le

POLYGONE d'ARTILLERIE de GRENOBLE

Aimé Requet est né le 23 avril 1906 à Plain-Palais, un quartier de Genève. En 1926 il effectue son service militaire et une année plus tard il est affecté au 154e Régiment d'Artillerie de Position à Grenoble qui cohabite avec le 2e RA. Il poursuit sa carrière dans l'armée et se retrouve au 159e RIA à Briançon en 1939.

Le 16 mai 1940 il est affecté au Parc d'Artillerie de Grenoble et intègre le CDM (Camouflage Du Matériel). Le 15 décembre il est aidé dans sa mission par son nouveau chef, le Capitaine Nal qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin des hostilités. Sous ses ordres il conduira, avec beaucoup de rigueur, ses groupes francs emmenés dans la vallée du Grésivaudan par Henri Segal et Louis Clavel.

Le 14 novembre 1943 Aimé Requet fera sauter le Polygone d'Artillerie de Grenoble.

Aimé Requet est décédé à la fin du mois d'août 1997.

Une plaque dédiée à sa mémoire a été posée sur le socle de la statue du Commandant Nal à La Tronche et une rue de Grenoble porte son nom.

Aimé Requet, le second de Nal, travaille au Polygone, il est donc l'homme de la situation pour réaliser cette opération d'envergure décidée au mois de septembre car il ne fait aucun doute que les nouveaux occupants (les Allemands) ont d'autres intentions. Il faut donc détruire ce dépôt en prenant soin de ne pas toucher les deux cuves de gaz qui sont disposées tout près.

L'épouse de Nal remet elle-même à Aimé Requet les crayons à retardement dans l'enceinte du Polygone. Requet y est très connu et l'entrée du colis compromettant en est d'autant plus facilitée. A 17 heures il place les crayons dans le hangar à munitions. Tout doit exploser cinq heures après.

A 23 heures, rien ne se produit. Nal et Requet commencent à douter. Les minutes qui passent sont longues  très longues.

Soudain aux environs de 0 h 45 dans la nuit du 13 au 14 décembre 1943 une explosion d'une extrême violence est ressentie par toute la population grenobloise et ses environs l'opération est réussie, le dépôt de munitions du Parc d'Artillerie vient de sauter. Les dégâts sont considérables. Sous une pluie battante, les explosions s'enchaînent pendant plus de quatre heures et font frémir toute la ville, des blessés et des morts sont à déplorer.

2 DECEMBRE 1943

Aloyzi KOSPISKI alias Eloi

fait sauter

la CASERNE de BONNE de GRENOBLE